Première année dans l’association « Il était une fois », première rencontre de conteurs organisée à Ploemeur.
Le vendredi, première journée, arrivée des participants en fin de matinée. Comme une volée de moineaux, c’est un peu étourdissant. Je picore à droite à gauche toutes les nouvelles, essaie de comprendre qui est qui ; qui vient d’où ; quelle association…Mission difficile.
Ça s’organise un peu en début d’après-midi quand se formalise le « quoi de neuf » des associations, chacune y expose ses réalisations et ses projets, ses difficultés et ses satisfactions ; ça devient plus concret, on rentre dans le sujet !
Puis c’est la première intervention. Une association de Rennes « Graines de conte » vient nous exposer son travail avec des collégiens. La mission que s’est donnée cette association est d’amener les enfants à conter en classe, d’éveiller leur capacité à l’oralité, de tisser des liens entre le monde des conteurs et celui des enseignants. La démarche pédagogique s’appuie sur le conte de tradition orale.
Jean-Pierre Mathias, Jean-Jacques Boidron et Bérénice Leblond lors de la rencontre de conteurs 2015.
Le conte est au programme de 6ème, et c’est dans cette classe qu’a été filmée la vidéo sur laquelle s’adosse leur intervention. J.J Boidron, professeur des collèges et J.P Mathias, conteur professionnel se sont associés pour travailler avec les élèves l’oralité en cours de français, dans une approche pluridisciplinaire.
Le film se déroule sur plusieurs périodes, il y a trois interventions de J.P Mathias et entre chacune de ces interventions, le travail se poursuit en classe avec l’enseignant. On y voit les enfants progresser d’une séance à l’autre, apprendre à raconter, ils sont plus à l’aise pour prendre la parole devant les autres, maitriser un récit, poser leur voix, gérer leurs déplacements et leur gestualité, être en communication avec leur public , en interactivité avec lui. Il m’a semblé aussi qu’il y avait toute une composante autour du travail en groupe, parler en public, mais aussi écouter l’autre , le « sentir » lors des déplacements, être en contact visuel (ou non) avec lui. Apprendre à raconter permet de développer plusieurs types d’activités : de représentation mentale ; d’expression langagière ; de narration et de relations sociales.
J’ai trouvé cette conférence et l’échange qui a suivi très intéressants et enrichissants. Ou comment rendre vivant et interactif l’étude d’un programme scolaire. Cette expérience permet aux élèves de s’investir de manière différente dans l’approche de la langue, de l’expérimenter de l’intérieur en quelque sorte. Elle dépasse largement le cadre d’un strict apprentissage scolaire. Si l’objectif est bien sûr de travailler sur la compréhension et l’appropriation de la langue, la mémorisation, la construction d’un schéma narratif etc…, c’est l’occasion aussi de rencontrer la culture locale (certains contes sont en gallo), une autre façon d’aborder la littérature, l’enseignant et le conteur encadrant le travail chacun de leur place, se complétant.
Et surtout pour les enfants, le plaisir, palpable dans les images, de partager avec les autres, d’oser se mettre en scène, de s’approprier un outil d’échange gratifiant. On peut supposer que le bénéfice de cette expérience dépasse largement le cadre scolaire. Qu’elle permet aussi aux jeunes conteurs d’être valorisés de leur travail et d’acquérir une meilleure confiance en eux. D’où l’importance de pouvoir trouver des lieux où ils peuvent intervenir, des « scènes de partage ». Et pour ceux vraiment motivés de pouvoir continuer à se former dans cette voie. Ce serait dommage que le « soufflé » retombe, et que ce qui a été pour ces enfants une découverte mobilisatrice ne puisse trouver à s’approfondir.
Janick
Pour en savoir plus sur la rencontre de conteurs, c’est ici.