Jean-Do Bazin et son accent lyonnais (il n'est pas fils de Guignol pour rien) installent le public d'enfants et de parents dans une salle de classe pour la durée d'"une année scolaire réduite à 40 minutes" pendant laquelle par "la magie de la pédagogie active", cet instituteur en blouse grise va faire manipuler ("on est de plus en plus manipulés de nos jours", glisse-t-il incidemment) ses écoliers d'un soir.
Il a prévu une mise en place très efficace et joyeuse, avec distribution à chacun d'un sac en toile contenant un biscuit et une marionnette déjà affublée d'un nom, Nono. Et après des jeux de doigts et de voix pour rappeler que le marionnettiste utilise sa voix et surtout ses mains, il va nous faire vivre la marionnette qu'il nous fait tirer du sac.
Voilà une démarche artistique d'une rare finesse car quel gamin n'aura pas envie de créer ses propres marionnettes, de les faire jouer, d'inventer des scénarios, de jouer avec sa voix ? Les vocations, c'est aussi simple, je veux dire savant, que ça.
Et les adultes ? Ils ne sont pas oubliés : il y a ici et là des allusions qu'ils saisiront comme : "Là, tu me fais un papillon transgénique" ou le très cynique "de nos jours, c'est vrai qu'il faut encourager la délation".
Un spectacle très élaboré et le conteur pour tout-petits en herbe ("en herbe" : lui, pas les tout-petits) engrange ces jeux de doigts. Oui, c'est un vrai montreur au sens d'instituteur. Au fait, en créole réunionnais, "instituteur" se disait autrefois le "lamontrèr".
Le montreur de marionnettes se produit mardi soir mais exclusivement pour adultes ; on allait justement en redemander.
yann-fañch