Le conte et nous… les femmes

Le conte et nous… les femmes

A travers un conte, c’est un peu de l’histoire d’un peuple ou d’un groupe humain que l’on peut lire : récit qui à partir d’une trame commune, tisse des messages particuliers. Le conte n’est pas une littérature détachée de la vie courante. Il a une conception morale utilitaire mais il ne porte pas de jugement dans l’abstrait.
Le bon personnage est celui qui reflète les valeurs du moment, celui dont la conduite correspond à une situation historique et sociale donnée.  »Le bon personnage au bon moment ».

Les siècles passent sur le conte sans y déposer une empreinte indélébile. Il semble tenir à sa réputation d’universalité ce qui lui a souvent servi à déjouer les censures.

Cependant de nombreux historiens l’ont considéré comme source fiable et précieuse par exemple E. Le Roy Ladurie dans  »L’Histoire des Femmes » ou encore C. Velay- Vallantin dans  »L ’Histoire des Contes ».

La justesse des contes a conduit aussi les autorités, noblesse et clergé, à se méfier des conteurs, entre autre, en Bretagne au 19ème siècle et au début du 20ème.
Il n’est donc pas étonnant que le conte ait été un terrain privilégié pour l’étude d’une histoire particulière, celle des femmes. Il nous renseigne sur leur vie quotidienne, leurs désirs, leurs espoirs, leurs croyances, leurs craintes ou encore leurs résistances.
Le conte se révèle précieux pour la connaissance de la place que leur réservait la société ou des images dont on les affublait.
Par exemple  »la femme agit peu et obéit beaucoup » et les plus jeunes sont belles, douces, passives voire un peu mièvres, tableau très stéréotypé de certains contes classiques, si on n’approfondit pas les messages transmis.

Certains récits nous offrent pourtant une image étonnante et réjouissante de femmes hors du commun au caractère mieux trempé que celui de leur  »héros », pas toujours à la hauteur des situations. Elles savent défendre leurs enfants, leurs trônes, leurs amours, ce qui n’est pas toujours le cas des hommes, y compris des rois. Elles ont un pouvoir politique, social et culturel. Elles donnent la vie ou accompagnent l’homme vers la maturité souvent au travers de transformations.

Tout ceci est dans les contes mais il y en a aussi de nombreux où on dénigre les femmes, souvent d’ailleurs à travers les personnages secondaires. Elles sont alors coquettes, frivoles, curieuses, prêtes à laisser leur place à l’héroïne en échange de quelques faveurs. On lui fait aussi subir des critiques beaucoup plus graves en la présentant comme un être dangereux :  »La femme est née de la côte d’Adam et la côte étant un os courbe, l’esprit de la femme ne peut être que torve et pervers. » Elle est alors sorcière maléfique ou ambassadrice du diable.
Que l’image de la femme soit négative ou positive dans les contes, qui va les lire ?
Que propose-t-on principalement dans les catalogues des librairies ?

Les contes les plus édités sont malheureusement les contes les plus traditionnels de Grimm et de Perrault. Le Petit Chaperon rouge, La Belle au bois dormant, Cendrillon… sont souvent bien édulcorés. Peu de gens s’intéressent aux versions originales. Ce ne sont pas non plus, les films de Walt Disney avec leurs princesses et autres personnages très stéréotypés et déclinés en toutes sortes de produits dérivés, qui feront découvrir la réalité des contes. On impose une image pervertie du conte qui se résume finalement à utiliser seulement un personnage fort auquel l’enfant pourra s’identifier.
Ces représentations causent un tort considérable. Beaucoup de gens croient encore que les contes sont réservés aux enfants.

Heureusement, depuis un certain nombre d’années, on note un intérêt nouveau pour le conte et la femme y a sa place comme personnage, comme collecteuse et bien sûr conteuse.

Alors conteuses, conteurs, courage ! Il y a encore beaucoup à faire et à dire mais :
 »Ce n’est pas nous mais ceux qui viendront après qui feront les légendes de notre temps. » Tolkien.

Sources :
Des contes et des femmes de Mireille Piarotas
La Grande Oreille n° 31 et 41
La femme dans les contes de fées de Marie-Louise Von Franz

 

Anne

Les vieux dans les contes

 

Les vieux dans les contes

Alors que nous nous interrogeons sur la place faite aux vieux dans notre société, le Strapontin et le Centre Hospitalier de Port-Louis Riantec nous ont proposé de questionner les contes et les récits de tradition orale qui mettent en scène des personnages âgés, lors d’une conférence débat.

Praline Gay Para, conteuse, intervient en première partie. Forte de ses recherches sur les traditions orales dans le monde, elle dresse pour le public un panorama des contes et récits dans lesquels le vieux ou la vieille joue un rôle important. Personnages secondaires ou héros, leur image est parfois paradoxale et pose plus souvent qu’on ne le pense, la question du désir amoureux et de la procréation, mais toujours ils transmettent leurs savoirs : ce sont des passeurs.

Puis c’est Alain Le Goff, à la Prévert, qui nous fait vivre quelques légendes de mort bretonne. Ses personnages côtoient le surnaturel au quotidien (on joue à cache-cache avec L’Ankou, on voit « les signes »). La frontière est ténue entre les vivants et les morts. Pour Alain Le Goff la tradition orale, notamment bretonne, est le reflet d’autres manières de concevoir la place de la vieillesse et de la mort, d’où l’importance de continuer à transmettre ces histoires.
Dans ces histoires transmises de génération en génération, les vieux ont une place et une fonction bien déterminées. 
Sont-elles une autre manière d’entrevoir le grand âge?  
Les conteurs héritiers et passeurs de cette parole, qui plonge ses racines dans des époques révolues, inventent aujourd’hui de nouveaux récits qui s’inspirent du quotidien de la personne âgée. Leur rôle n’est-il pas entre autres de rendre compte, de donner à voir ou d’influer sur notre perception du monde ?

Michèle