« Jaulin en scène » , 16 février au Trio à Inzinzac-Lochrist (56)

 

"Jaulin en scène" 
spectacle vu le samedi 16 février au Trio à Inzinzac-Lochrist

"Les histoires ont-elles pour fonction de traverser les grandes peines du monde ?'' Yannick Jaulin pose cette question au début de son spectacle et ensuite… des mots pour parler des maux des humains, pour parler aussi de leur rire. Des mots drus, hardis, tendres, poétiques, joyeux, qui évoquent des situations dramatiques, sanguinolentes, émouvantes, pittoresques, drôles, des mots qui racontent des contes détournés, surréalistes, des histoires d'humains. Voici les mots de la fin :"l'amour ça se donne, ça ne se vole pas. " Le spectacle est terminé. Yannick Jaulin nous a offert samedi au Trio un spectacle kaléidoscope … de toutes les couleurs qui s'assemblent, se déforment et se rassemblent imperceptiblement.

Eloïse

Jaulin après la scène : rencontre avec le comédien-conteur

3 conteuses d'Il était une fois ont rencontré Yannick Jaulin au Trio à Languidic le 16 février 2008, à la fin de son spectacle "Jaulin en scène".

Yannick Jaulin nous parle de Jude Le Paboul, le "père" de l'association Il était une fois. Jude est décédé en 2001. Yannick l'a rencontré à plusieurs reprises.

Pour Yannick Jaulin, Jude fait partie de cette race de conteurs qui n'existent plus, dépositaires et transmetteurs de mémoire : les "anciens conteurs", fiers du chemin parcouru par les histoires qu'ils transportent au coeur du quotidien.

Yannick se voit plutôt comme un "voleur", un détourneur d'histoires, nourri à la mammelle des conteurs traditionnels, et devenu homme de théâtre.

 

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Interview d’Abakar Adam Abaye, à la médiathèque de QUEVEN (56)

"Balade dans le désert de Danguéléa"
Graines de parole

Sa parole vient de loin, sa particularité réside dans la manière de l'actualiser dans le spectacle et dans le présent de la scène.

Abakar Adam Abaye est tchadien et vit à Toulouse ; il est conteur, acteur et musicien ; il conte en habit traditionnel et s’accompagne d’une kora…
 
Quand vous vivez à Toulouse, vous n’avez pas cet habit ; pourquoi vous produisez-vous en boubou ?
– Quand je suis dans mon pays, c’est comme cela que je m’habille et c'est comme cela que je conte : là-bas, je ne conte pas en jean ! Je ne suis pas dans la séduction, ni dans la caricature ! Je suis un noir porteur d’une tradition ! Je ne suis pas un griot !

Vous introduisez votre racontée par une série de remarques sur la parole…
– Oui, je m'inspire librement d'un texte de Joseph Ibrahim Seïd qui n'était pas construit.

Vous semblez prendre beaucoup de plaisir à conter…
– Oui ! Je m'amuse, je me lâche. Et j'imite l'autruche pour que les gens soient devant l'autruche. L'enfant encore dans le ventre de sa mère, ce n'est pas facile, essayez de prendre cent personnes dans la rue, vous verrez le résultat !

Abaye sait captiver son public, est capable d’incarner de façon très drôle : un bébé qui ne veut pas naître, une autruche "qui chie de l’or", une sage-femme : d'ailleurs, les femmes sont très présentes et de belle manière dans ses contes !
 
Son spectacle est généreux : l’introduction sur les pouvoirs et les dangers de la parole est inspirée d’un texte de l'écrivain Joseph Ibrahim Seïd, tchadien lui aussi, écrivain de la première génération des indépendances de l'Afrique, et se termine sur de beaux textes poétiques nous parlant de la parole, de la graine de parole que nous essayons de semer, nous conteurs d'"Il était une fois".

Propos recueillis par Monique et yann-fañch, le 2 février 2008